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Nous ne nous connaissons qu’à travers nos rencontres

Se connaître à travers les rencontres

C’est parce que nous jugeons mal que nous aimons mal.

L’être humain, être fragile, est incapable d’assurer les conditions de son existence par lui-même ; il a besoin de s’attacher le concours d’êtres qui lui conviennent – nourritures, vêtements, amis, professeurs, conjoints, oeuvres d’art, etc. – pour survivre et s’épanouir. Il suffirait alors de savoir ce que nous désirons réellement, et de trouver ce qui nous convient, pour augmenter notre puissance et éprouver la joie qui en découle. Mais, ne serait-ce pas une vue un peu simpliste sur le sujet?

C’est parce que nous jugeons mal que nous aimons mal

Nous en sommes très loin, pourtant. Car nous omettons un élément essentiel : il nous manque la connaissance adéquate de ce que nous sommes et de ce qui nous entoure. Bien que nous soyons conscients de nous-mêmes et de ce qui nous arrive, cette conscience n’est qu’une connaissance mutilée, tronquée, partielle et souvent imaginaire. Notre vie affective devient violente et passionnelle essentiellement parce que nous nous trompons sur nous-mêmes et sur les événements qui nous arrivent.

C’est ainsi qu’au coeur même de notre vie affective, Spinoza retrouve la tâche traditionnelle du philosophe : reformer notre intelligence, rectifier nos connaissances et nous assurer d’un chemin fiable vers la vérité. Bien qu’il mette sur le premier plan les sentiments et émotions, Spinoza reste un rationaliste : c’est la connaissance qui nous sauvera de nos troubles affectifs. Nos errances passionnelles sont ainsi non pas des fautes, au sens moralisateur du terme, mais des erreurs, des défauts de notre connaissance et de notre jugement – et non pas de notre moralité.

Mais pourquoi l’homme ne pourrait-il pas se connaître lui-même? Pourquoi nos sentiments intimes échapperaient-ils à notre intelligence? Pour éclairer ce point, il est essentiel de prendre en considération le rapport de l’âme et du corps, d’une part, et celui du corps et de son environnement, d’autre part.

L’âme pense le corps, le corps vit l’âme

Beaucoup de philosophies anciennes, et quasiment toutes les religions, conçoivent l’âme – l’esprit, l’intellect ou la pensée – comme une substance indépendante, complètement séparée et distincte du corps. Voilà pourquoi l’âme serait censée survivre à la mort du corps, et aller au paradis ou se réincarner dans un autre corps. A ces conceptions s’opposent ensuite des philosophies matérialistes, qui déclarent que l’âme n’est rien d’autre qu’un corps – un cerveau ou un réseau de neurones, qui, au fond, est constitué exclusivement d’atomes.

La position de Spinoza est beaucoup plus subtile. Nous percevons bien l’âme et le corps comme deux choses distinctes : en effet, l’expérience de la pensée est radicalement différente de celle du corps. Nous percevons nos idées d’une tout autre manière que nous percevons le corps. Nous voyons bien que le corps est étendu dans l’espace, et se caractérise par ses dimensions, son mouvement, son poids, alors que nos pensées n’ont rien de spatial ou de quantitatif. Mais cela n’implique nullement que l’âme et le corps – la pensée et la matière – ne soient pas une seule et même substance. L’esprit et le corps ne sont que deux versants d’une seule réalité, deux faces d’une même médaille. Simplement, nous avons deux voies d’accès à cette réalité , deux manières de la toucher et d’en faire l’expérience : par l’esprit, et par le corps.

L’esprit et le corps ne peuvent donc pas s’opposer, ne peuvent pas être contraires l’un à l’autre. On a parfois l’impression de lutter contre son corps, de s’efforcer, par l’esprit, de soumettre le corps, de lui imposer sa volonté. C’est pourtant un leurre, car l’évolution du corps et de l’esprit est parfaitement parallèle et synchrone. Tout ce qui se produit dans le corps se produit aussi dans l’esprit, tout ce que vit le corps, l’esprit le pense, et vice versa.

C’est pourquoi Spinoza considère que notre âme n’est rien d’autre que l’idée du corps, c’est-à-dire la conscience de ce qui arrive au corps. Si l’âme enregistre et se fait une idée de ce qui se passe dans notre corps, comment cette conscience pourrait-elle alors être fausse? Nous verrons que notre idée de nous-mêmes est une idée fausse parce qu’elle est une idée partielle, mutilée, incomplète.

Notre connaissance de nous-mêmes est limitée par l’expérience

En effet, nous sentons notre corps seulement quand il lui arrive quelque chose : quand il est affecté, voire troublé, par une sensation. Faites-en l’expérience : asseyez-vous calmement et observez ce que vous sentez – et donc savez – de votre corps. Vous pouvez sentir une bouffée de chaleur, une démangeaison, une aigreur dans l’estomac, un filet de vent frais caressant votre nuque. Mais, si rien ne vous trouble, vous ne sentirez rien. Vous sentez les affections de votre corps, ses réactions à son environnement – mais vous ne sentez pas votre corps en lui-même.

Nous ne connaissons donc que très superficiellement notre corps. Mais puisque l’esprit n’est que l’idée de notre corps, notre vie spirituelle, aussi, est ternie de la même méconnaissance profonde de ce que nous sommes. Nous ne faisons l’expérience de nous-mêmes que quand nous sommes stimulés de l’extérieur, quand quelque chose nous attire, nous choque, nous chatouille, nous répugne, nous blesse, nous exalte ou nous ravit. Nous ne nous voyons pas nous-mêmes, nous ne nous voyons que dans le miroir de nos rencontres avec le monde extérieur, et dans les réactions qu’elles provoquent.

Pensez à un jeune enfant. Il n’a aucune notion de ce qu’il est, ni de ce qui lui est utile ou nuisible, agréable ou pénible. Il essayera ainsi de tout toucher, de tout manger, de tout tenter. Ce n’est qu’à travers ces tentatives – souvent douloureuses – qu’il réussira à se faire une petite idée de ce qui lui convient. Mais cette idée est, la plupart du temps, erronée : trop généraliste et approximative, basée sur des expériences trop partielles – les préjugés alimentaires des enfants en sont une preuve.

Il en va de même pour ce qu’un adulte sait de lui-même. Nous ne connaissons de nous-mêmes que les traces laissées par nos expériences passées. Ces expériences, ces rencontres sont plus ou moins aléatoires, plus ou moins chaotiques, et plus ou moins limitées. Une expérience de vie prolongée dans des conditions extrêmes pourrait ainsi nous doter d’une sensibilité exacerbée, mais aussi de capacités exceptionnelles ; un environnement surprotégé au contraire nous transmettrait un tempérament calme et modéré, voire craintif.

Si la connaissance de notre identité passe donc bien par l’intermédiaire du monde extérieur, cela signifie-t-il que nous sommes davantage aptes à connaître ce qui nous est extérieur? Aveuglés sur nous-mêmes, serions-nous plus lucides sur le monde?

Le monde extérieur nous renvoie à nous-mêmes

Nous ne sommes pas davantage lucides sur le monde extérieur que sur nous-mêmes. Car nous nous confrontons encore au même problème : ce ne sont toujours pas les choses extérieures que nous percevons, mais l’effet qu’elles nous font, la réaction qu’elles provoquent et leur empreinte en nous. En goûtant un aliment, ce n’est pas la composition de l’aliment lui-même que nous percevons, mais la réaction de nos papilles à son acidité ou à sa douceur. En tombant amoureux d’une personne, ce n’est pas la personne elle-même que nous percevons, mais les désirs et les craintes qu’elle suscite, les souvenirs qu’elle évoque, la sensibilité qu’elle stimule. Le voyageur qui découvre une civilisation inconnue ne pénètre pas cette nouvelle culture, mais est confronté à la remise en question de ses propres valeurs, à la bousculade de ses propres habitudes, et à la mise à l’épreuve de ses rêves d’exotisme et d’aventure.

Nous voilà enfermés dans un cercle : nous ne pouvons nous connaître qu’à travers la rencontre avec le monde extérieur, mais en allant vers l’extérieur, nous ne tombons que sur nous-mêmes. Pour autant, l’expérience de nous-mêmes, à laquelle nous conduisent les événements extérieurs, ne nous aide pas à nous connaître vraiment. De même, nos propres réactions affectives ne nous renseignent pas sur ce qui les provoque. En réalité, nous ne connaissons que nos réactions, nos sensations, notre épiderme existentiel et affectif. Nous ignorons complètement les causes de ces réactions, qu’elles soient internes (notre psychisme) ou externes (notre environnement).

Comment le hasard finit par nous marquer

En procédant par tâtonnements, le temps et l’expérience ne nous permettraient-ils pas de construire une image plus fiable de notre réalité? La répétition des mêmes erreurs et l’extension de notre champ de perception n’auraient-ils pas la vertu d’autocorriger la mosaïque de nos vécus? Ne pourrions-nous pas assembler pièce par pièce ces bouts de vécu pour reconstituer une identité et un monde homogène et cohérent? Ce serait oublier que les rencontres qui ont façonné l’expérience de notre identité y laissent des traces durables. Des illusions s’y stabilisent, des envolées passionnelles s’y solidifient, des souffrances y creusent leurs sillons. Les chocs de nos rencontres aléatoires finissent par nous cabosser, par nous triturer, nous façonner à leur image, et la réalité du monde finit par être vue à travers le prisme déformant de nos expériences passées.

Comment alors défaire le noeud tissé par nos illusions passées? Comment se retrouver soi-même, sans les marques que le hasard des rencontres a imprimées? Et comment retrouver le monde, par-delà le voile qu’y a jeté notre sensibilité?

Le temps de nous poser des questions est arrivé :

✏️ Passez en revue vos craintes et vos désirs. Dans quelle mesure vos expériences passées y ont-elles contribué? Pourriez-vous vous imaginer que ces expériences relèvent du hasard, qu’elles auraient pu être tout à fait différentes? Quels seraient vos craintes et vos désirs si ces expériences avaient été différentes?

✏️ Quels traits de caractère vous définissent? Que percevez-vous comme étant vos défauts et vos qualités? Si votre origine et votre parcours avaient été différents, vous définiriez-vous différemment?

✏️ Dans les réponses aux deux précédentes questions, dans quel cas vous sentez-vous davantage vous-même, plus à l’aise, ou au contraire plus aliéné, plus étranger à vous-même : dans votre vie telle qu’elle a été ou dans cette vie alternative qui n’a pas eu lieu?

✏️ Observez votre humeur durant quelques jours. Marquez dans un cahier les variations qui ne semblent pas avoir de raison précise. Puis, observez comment ces variations d’humeur affectent les rencontres et les événements qui se produisent. Selon Spinoza, l’amour est un sentiment de joie attaché à une cause et la haine, un sentiment de tristesse attaché à une cause. Dans quelle mesure cherchez-vous une cause à vos variations d’humeurs dans ce qui vous arrive?

✏️ Pensez aux événements et aux rencontres marquants de votre passé. Êtes-vous certain que les sentiments que vous éprouviez alors étaient uniquement provoqués par ces événements et rencontres?

Aller plus loin :


🔵 Vous ressentez actuellement des difficultés à évoluer sereinement en accord avec l’image que le monde extérieur vous renvoie. Vous avez du mal à en saisir les causes. Tout au plus, le décalage que vous en ressentez vous amène davantage à vous replier sur vous-même et à durcir votre position qu’à accueillir ce qui se présente à vous. OUI? Rencontrons-nous!


🔴 Une envie, un projet, un objectif en tête? Parlons-en!

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Cette entrée a été publiée le 14/11/2022 par dans Articles, et est taguée , , , , , , , , , , .

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