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L’absolue souffrance de ne pouvoir t’aider, mon fils

PRÉAMBULE

La lecture de cette histoire invite au silence. Aussi je laisse Beethoven nous accompagner sur des notes qui exhortent à l’accueil de ce qui est.

Dans une salle, à l’étage du café des Artistes qui, jadis, accueillait poètes, peintres, surréalistes et utopistes en tous genres venant créer une réalité à partir d’un idéal composite se trouve Nadine.

Echouée sur une banquette en velours défraîchi, elle compulse nerveusement des documents tirés d’une mallette qui renferme, à elle seule, toute la souffrance de sa vie.

Des crayons de couleurs parsèment la table rectangulaire ornée d’inscriptions taillées à même le bois à une époque où légèreté rimait avec étrangeté.

Silence.

Du centre de ses lunettes émergent deux globes qui scrutent inlassablement cette mer déchaînée qui se déploie devant ses yeux, laissant apparaître, en son giron, une bicoque branlante qui tente, férocement, de résister aux remous dont elle est prise d’assaut. Dévidement d’amertume qui tournoie sur l’écheveau de sa forteresse intérieure en une série de pulsations erratiques qui innervent un territoire par trop atrophié par l’agitation, l’angoisse et le tourment. Elle est comme dévissée de cet ultime ressort qui la maintient sur le seuil de la vie. Une vie obscurcie par une obsession devenue l’incantation d’actes pénitentiels qui se sont, insidieusement, emparés de son esprit.

Silence.

Le ballet incessant de ses pupilles écharde, à chaque déblayage, ce désir ardent qu’elle nourrit depuis un temps qui ne se laisse plus égrener et qui s’enferre désormais dans le balancier d’un espace circonscrit dans une latitude où gît le Soleil noir de sa vie.

Damien. Son fils. Propulsé sur l’âcre trajectoire des volutes éthérées de l’alcool.

Soupir.

Sanglots entrecoupés d’atermoiements.

« Qu’ai-je donc fait au monde pour mériter un tel sort ? ».

Cette question ouvre les battants d’une diatribe contre ses parents, la vie, l’injustice, le désamour … sa mère, la Résignation incarnée. Une femme ordinaire. Tellement quelconque qu’elle paraissait, à ses yeux d’enfant, à  la console qui ornait l’entrée de leur pavillon. Inaperçue. Effet direct d’une attitude asservie par l’esprit souverain d’un mari inquisiteur et querelleur qu’elle supportera de ses 4 à 21 ans et qui la plongera toute sa vie durant dans un inexpugnable sentiment d’insécurité, d’indécision, d’impuissance et de trahison.

Soudain, elle se saisit d’une photo de Damien. De ce fils de 22 ans qu’elle considère et traite encore comme un enfant qui n’aurait pas grandi, à qui les portes de la maturité auraient été à jamais fermées. Damien, cette « victime » collatérale, porteur de mémoires inaccessibles à sa faculté d’entendement. Damien, plongé dans la versatilité d’un corps imbibé dans un mal-être existentiel dont les griffes acérées le maintiennent dans l’axe. Un axe identitaire qu’elle rejette, qu’elle conspue, qu’elle méprise, sans en être consciente.

Fragilité. Vulnérabilité. Laideur. Inconsistance.

Tout ce qu’elle abhorre au plus profond d’elle-même. Elle, la Perfection modélisée qui avait des idéaux tellement élevés pour ce fils chéri, pour son prince à elle et à elle seule. Derrière l’histoire de Damien, c’est celle d’une partie de son enfance qui se rejoue sur une gamme qu’elle s’est tellement échinée à taire. Mais ce qu’elle ne savait pas, c’est que la musique procède du silence, du vide.

En parcourant de sa main le visage anguleux de Damien, son propre corps semble comme se dissoudre et se fondre sur cette banquette devenue par trop grande face à la silhouette exsangue qui crie le désespoir et exsude le chagrin.

Elle se sent abandonnée et impuissante face à ce destin qu’elle n’a pas choisi mais qu’elle essaie en vain de contrecarrer. Remettre son fils sur le droit chemin, stopper son addiction, enrayer son mal-être. Un mal-être qu’elle ne comprend pas, qu’elle n’arrive pas à s’approprier. Un mal-être emmuré dans le silence et qu’aucune communication n’arrive à transpercer.

La solitude l’a claquemurée dans une tristesse infinie. Dépression lente, subreptice. Arrêt de son activité professionnelle.

Renoncement. Abandon d’elle-même et des siens.

Elle ne sait plus vers qui ni vers quoi se diriger pour endiguer l’infection qui la ronge au quotidien. Une infection qui ne se voit ni ne s’entend mais qui, tel l’acide, brûle ses tissus, assèche son cœur et son âme. Elle n’a plus qu’un seul désir, que tout cela cesse et qu’elle disparaisse à son tour.

Le 23 mai, elle attentera à sa vie.

Après une hospitalisation de courte durée, elle rentrera chez elle, hagarde, bouffie par des prises excessives d’anxiolytiques et d’antidépresseurs qui la rendent léthargique plus qu’ils ne l’éveillent. Insensibilisé, anesthésié, son cœur se remet à pulser à rebours dans une cage dont les barreaux en assurent désormais l’inaccessibilité. Le seul à la côtoyer dans ce moment brûlant de solitude et d’exil est Morphée, l’insaisissable, dans des nuits raccourcies par la haine de soi.

Deux années s’ensuivront et tisseront sur l’ourdissoir de sa psyché des mélopées aux tonalités rageuses déclamées en une scansion obsédante. Les reflux de notes injectées d’acrimonie n’auront de cesse que de rigidifier, à chaque passage, ses nerfs, ses humeurs, son cœur.

Elle se sent lasse. Extrêmement fatiguée.

Compenser. Oui, c’est la solution. Compenser ce vide par la nourriture. Cette nourriture qui devient affective et qui me fait me sentir pleine et vivante. Un instant. De fugaces instants car alors, cette  enveloppe qui, petit à petit, façonne ma chair me donne le sentiment d’être laide et informe. Elle devient, à ses propres yeux, un repoussoir.

Augmentation de la dose d’anxiolytiques. Est-elle encore en vie ou sont-ce anxiolytiques, antidépresseurs et valium qui la maintiennent suspendue aux ressorts de la roue de fortune ?

Dans quelle mesure va-t-elle se saisir de la manivelle qui se trouve sur cette même roue de fortune et transcender un Destin qu’elle croit imprimé dans chacune des cellules de son corps et face auquel elle ne peut agir, si ce n’est en répétant les mêmes schémas ? Dans quelle mesure va-t-elle consentir à dénouer ce nœud affectif qui bloque, momentanément, son énergie vitale et à plonger dans les profondeurs de son inconscient pour y puiser les matériaux bruts qui y sont stockés? Dans quelle mesure va-t-elle les accueillir et les accepter pour en puiser la Force qui lui permettra de se choisir en conscience et de gouverner sa vie ?

Seule Nadine détient les réponses. Elle est sur un chemin où elle apprend à puiser des forces dans ses faiblesses et à les accepter telles quelles.

Extrait du recueil Fragments d’histoires, de Marina TABEL

Pour aller plus loin :


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Cette entrée a été publiée le 01/03/2019 par dans Fragments d'histoires, et est taguée , , , , , , .

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