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Solidarité : entraide ou aliénation?

Solidarité: entraide ou aliénation?

La surprotection enferme, ampute, réduit, annihile, immobilise, fige, enclave dans une forme d’impuissance et de gestes répétitifs mortifères. Aussi, charge à chacun de bien avoir à l’esprit ce que la surprotection crée avant de se saisir de ses fils car un être, quel qu’il soit, est fait pour s’expandre, pas pour être réduit à peau de chagrin.

A l’époque de mes grand-parents, la vie était fort différente. Elle s’invitait dans les villages, autour du travail de la terre, de la pierre, des champs, du bétail. Un rapport étroit avec la nature ou, du moins, avec la notion d’espace, de territoire, du temps y prévalait. La vie s’organisait au rythme des cycles de la nature. Elle se voulait simple. Parfois, un peu simplette. Les villes étaient entrevues d’un oeil plutôt suspicieux. C’était la volonté d’inscrire chacun dans une forme de transmission et d’appartenance à un bien familial et à un corps de métier qui était privilégiée en acceptant de vivre sur des terres parfois arides et desséchées mais qui offraient une liberté de mouvement sans pareil quand la ville, elle, offrait des espaces réduits, comprimés.

Tellement comprimés qu’aujourd’hui, avec l’agrandissement des villes, la construction continue de logements qui s’invitent sur la moindre parcelle de terrain laissée vierge ou à l’abandon, nous en sommes venus à vivre les uns sur les autres et à devoir composer avec une proximité davantage imposée que choisie en conscience. Cette proximité forcée a enjoint un grand nombre à, petit à petit, répondre par son opposé, la distanciation.

A quelle forme de distanciation ce phénomène a-t-il donné naissance? Comment se manifeste-t-elle?

Par une mise à distance de l’autre tout en devant subir sa présence physique. Des êtres déambulent ainsi dans les villes qui ont amorcé, depuis un certain nombre d’années, un processus de déshumanisation où toute forme d’ingérence prend, petit à petit et ce, de manière relativement insidieuse, place. Nous sommes donc acculés à subir la présence d’un autre qui impose son rythme, ses conversations, son agitation intérieure, sa rudesse sans se soucier le moins du monde de la nature de cet espace partagé dans lequel il ne cesse de se mouvoir comme s’il était seul au monde, affranchi d’un coup d’un seul des principales règles de bienséance qui permettent à une vie en collectivité de se déployer en bonne intelligence et d’asseoir une certaine forme de solidarité. Car ce processus de déshumanisation, loin d’avoir éveillé la sensibilité de chacun, a fini d’accentuer le manque de considération de l’autre, de l’espace, de l’environnement qui sont, au sens littéral du terme, occupés. Occupés par des présences, des corps mais désertés dans leur coeur.

Ce phénomène a entraîné dans son sillon l’apparition d’une certaine forme d’hostilité qui a, d’année en année, pris de plus en plus d’ampleur jusqu’à remplir le moindre insterstice de vie. Aussi, est-il commun de trouver la figure du riverain des temps modernes, lassé et gavé de ce trop-plein et de cette promiscuité constante, observer de loin cette tribu auprès de laquelle il a force mal à composer et dont il ne se sent aucunement solidaire.

C’est ainsi que, progressivement, des foyers entiers de corps-solitudes se sont enracinés dans une forme d’isolement et d’exclusion dont les membres ont déserté le coeur. Pourtant, c’est quand j’habite pleinement le foyer de ma propre solitude que je suis plus à même d’entrer en lien avec tout ce qui m’entoure. J’apprends, petit à petit, à en percevoir plus finement mais, surtout, plus intensément la nature, la forme, la richesse, la présence. Car, c’est bien ce lien de corps à corps qui permet un lien de coeur à coeur, même si un territoire peut nous être totalement inconnu. Quand pareil processus prend corps et est à l’oeuvre, il ne peut l’être. Il m’est, au contraire, familier car c’est la propre familiarité que j’entretiens avec le territoire de ma propre solitude qui me permet d’entrer en résonance avec le territoire de la solitude de l’autre. C’est de cette manière-là qu’une passerelle prend forme, laquelle permet de se diriger vers ce foyer et de décider comment et à quelle fréquence le côtoyer.

Pourtant, la solidarité, pour prendre forme, n’a aucunement besoin de s’établir sur un excès de zèle ou sur ”l’extrême” car lorsqu’elle s’édifie sur de telles composantes, c’est une forme d’absence, de manque, de pénurie, de désertion qui en assurent les fondations. Elle est propulsée non pas par une manière d’être qui inclurait la solidarité dans son socle de valeurs mais comme un geste ultime de désespoir pour répondre à un manque écrasant de reliance et pour répondre à des situations où la précarité s’est installée et en assure le suc.

Qu’en dire? Comment s’étonner, dès lors, des nouvelles formes de vie que nous pouvons observer depuis une décennie? Comment continuer à s’offusquer d’un processus qui a pris naissance face à une demande croissante d’individualisation qui, loin d’amener à une responsabilisation et à une autonomisation de l’individu, a donné racine à des formes de vie égocentrées où l’autre tend à être réifié au service de son propre développement.

Affirmer que certaines tendances relatives à l’industrie du développement personnel agissent en ce sens me semblerait presque faire usage d’un pléonasme tellement cette direction est prégnante dans la manière dont elle est diffusée et dont elle se manifeste. Et ces tendances ne cessent de se renforcer dans un aveuglement collectif sans commune mesure.

Sur quoi débouchent-elles? Sur une forme d’isolement affectif. Sur une sorte de vide existentiel. Sur une difficulté voire une incapacité à établir des liens ; à nourrir le lien, à l’exalter, à le chérir, à en voir la pertinence. L’autre est vu désormais, dans l’inconscient collectif, comme un poids dont il convient de se débarrasser en affirmant haut et fort sa propre suprématie et pseudo-souveraineté.

Une telle ignorance pose question. Elle interroge. A quoi une telle suprématie peut-elle être utile lorsque le lien à l’autre est inexistant, lorsque des terres de solitudes se mettent à peupler l’espace ; un espace qui n’est plus habité mais qui est tout simplement envahi, pris d’assaut. A celui qui arrivera à s’imposer le mieux et le plus. Si les autres ne sont pas contents, tant pis, tant mieux. Ils n’ont qu’à se faire entendre. Et c’est à celui qui vocifèrera le plus fort que reviendra le droit d’occuper un espace. Par ”espace”, j’entends tout type d’espace. Professionnel, social, amoureux, amical. Ainsi, les rapports cessent d’être sous-tendus par l’accueil pour venir s’adosser à des rapports de pouvoir où chacun tente de faire plier l’autre sous la coupe de sa force.

Comment, dès lors, entrevoir une quelconque forme de solidarité lorsque je sous-tends mon rapport à l’autre sous des relations de pouvoir et de puissance? Comment même arriver à en concevoir la pertinence, l’utilité? C’est une forme de contradiction criante d’incohérence qui nous saute au visage et nous saisit au collet pour nous montrer l’absurdité du processus à l’oeuvre.

Combien serons-nous à nous saisir de cette alerte pour effectuer un pas de côté nécessaire à la mise en lien? La solidarité, quelle que soit sa forme, est l’antithèse des formes qui ont pris racine dans notre système politico-socio-culturel, à savoir, l’assistanat.

L’assistanat est une forme avilissante d’une solidarité qui n’en est pas une et qui dépouille tout individu qui en reçoit sa substance de sa capacité d’autonomisation, de la responsabilité qui est la sienne dans ses choix d’existence et, surtout, de cette Intelligence qui agit par et à travers son être-là. C’est la pire forme de dénégation de l’intelligence dont chacun est pourvu et de sa capacité à répondre, par lui-même, au mouvement qu’il souhaite donner à sa vie en la remettant entre les mains d’un système ou d’une personne qui en dirige les fils en croyant savoir ce qui est bon pour lui.

De quelle dose d’arrogance un système, quel qu’il soit, est-il pourvu pour en arriver à si peu voir le potentiel d’une personne et à (s’adosser) s’enkyster, au contraire, dans ses zones de vulnérabilité qu’il ne cesse de creuser en larges sillons où ces assistés finissent par tomber et s’échouer.

Quelle offense faite à l’intelligence humaine. A l’intelligence tout court.

A quoi avons-nous fini par réduire l’être humain? A ses manques, à ses insuffisances, à ses incapacités. Le lien ne s’établit pas et ne se nourrit pas sous la perfusion du manque, de l’absence, de la pénurie mais à travers l’amour. Cette force qui invite et enjoint à voir un objet, quel qu’il soit, dans son intégralité, dans son entièreté sous peine de l’abêtir et de le rendre encore plus dépendant qu’il n’était.

Nous sommes tous porteurs de cette intelligence du coeur qui sait, au plus profond de ses entrailles, de quoi un système, pour pouvoir vivre et s’expandre sur des bases saines et respectueuses de l’intégrité de chacun, a besoin. Et ce n’est pas par l’avilissement enrobé de pseudo bonnes intentions qu’un tel système pourra s’enrichir et fomenter ce lien qui fait tellement défaut dans nos sociétés actuelles mais en honorant l’intelligence qui est au coeur de chaque être vivant. Pour ce faire, cela exige de remiser toute forme de complaisance au vestiaire et de considérer un adulte, quelle que soit sa condition, pour ce qu’il est : un être doté d’entendement et d’une certaine capacité de discernement. En l’appréhendant comme un ”incapable”, c’est exactement le modèle qu’il finit par devenir, par incarner, par revendiquer dans une forme de ressentiment aigu qu’il ne cesse de crier au visage de quiconque tenterait de s’approcher de son espace qui, à défaut de le remplir de sa substance, le dépouille d’une identité qu’il a force mal à conjuguer à un présent résumé à une forme d’inutilité et d’insuffisance. Ironie du sort, c’est ce même système qui finit par lui redonner une identité : celle de l’assisté, incapable de s’auto-suffire et de répondre à ses propres besoins et qui, sans têter les mamelles de l’Aide à tout-va, se définit comme un paumé, un laisser pour compte. Un Rien. Du vide. L’incapacité réduite à sa plus extrême expression.

Est-cela le Respect? Est-ce cela faire preuve d’intégrité? Réduire l’autre à du rien, à du vide, à une forme d’incapacité?

Pourtant, l’homme, par nature, est débrouillard. Pour ce faire, il s’agit de croire en son intelligence et de le laisser se débattre un temps face à la difficulté, face à l’adversité sans se ruer dans son espace et le remplir sans qu’il n’ait eu l’opportunité de se saisir des forces qui gisent en lui. Il en est capable. Certes, en faisant peut-être appel à des formes qui pourront paraître, de prime abord, déconcertantes, inappropriées ou inopérantes. Et alors? C’est en mettant les mains dans le cambouis que l’on apprend la débrouillardise, pas en surprotégeant ni en préservant de ce que la vie est : joie et aspérité.

La surprotection enferme, ampute, réduit, annihile, immobilise, fige, enclave dans une forme d’impuissance et de gestes répétitifs mortifères. Aussi, charge à chacun de bien avoir à l’esprit ce que la surprotection crée avant de se saisir de ses fils car un être, quel qu’il soit, est fait pour s’expandre, pas pour être réduit à peau de chagrin. Cet acte ne se nourrit pas à la racine de l’amour mais à celle de la peur. Aussi, le choix de se placer sous la souche de cette énergie qu’est l’amour et qui exalte et honore le vivant et la vivance présents en chacun de nous et des êtres qui peuplent cette planète se présente à chacun de nous. A chacun de se positionner en fonction de la représentation qu’il a de l’individu qui se trouve en face et à côté de lui tout en ayant bien à l’esprit les effets directs et indirects que ce positionnement crée car nous ne sommes aucunement obligés de cautionner la défiance, l’abrutissement et l’asservissement. Déposséder un individu de sa capacité à répondre par lui-même aux contingences que la vie place sur sa route est la forme de négation la plus criante qui soit. Il n’est pas surprenant, par la suite, de s’étonner de l’extrême difficulté que ces individus peuvent ressentir pour prendre leur essor quand il leur est, sous des formes plurielles, quotidiennement assené des : ”Je ne crois pas en toi” ; ”Pousse-toi, laisse-moi faire, ça ira plus vite” ; ”Mais tu es bête ou quoi? Ce n’est quand même pas si compliqué!” ; ”Tu n’as pas honte de vivre comme ça? C’est quoi qui ne tourne pas rond chez toi?” ; ”Qu’est-ce que tu ferais sans moi? Qui serais-tu? Rien! Regarde la vie misérable que tu as …” qui montrent toute l’ignorance qui habite ces propos ou comment occuper le bon rôle. Ou mieux encore : ”Mais bouge-toi! Agis nom de Dieu!” suivi d’un ”De toute manière, à quoi bon …, tu n’es capable de rien. Reste avec nous encore un temps, ça t’évitera de te retrouver à la rue.” ou comment couper d’un coup sec les ailes de ses rejetons qui essaient tant bien que mal de prendre leur envol et qui sont littéralement cisaillés par un lien à double contrainte.

De quoi nous interroger sur la portée réelle et symbolique des actes que l’on pose au quotidien car, dans cette configuration, il ne s’agit pas de se donner le bon rôle et d’occuper une place qui nous donne un semblant de pouvoir sur l’autre pour, dans la plupart des cas, nous rehausser nous-mêmes mais de véritablement voir ce dont l’autre a besoin et d’appuyer sur la touche de ses forces vives. C’est cela “rendre libre”. Toute autre approche revient à “rendre esclave”. Je ne crois pas que nous ayons besoin de développer, chez qui que ce soit, un sentiment d’inadéquation et d’aliénation car c’est méconnaître la direction vers laquelle toute forme d’aliénation pointe, à savoir, une certaine forme d’impuissance fortement imbibée du fiel de la force du ressentiment, lesquels amènent à la haine de soi et, par extension, à la haine de l’autre. C’est aller contre l’intelligence du vivant qui, par les limites qu’il contient, permet à chacun de prendre la place qui lui correspond.

Et pour vous, qu’en est-il? Quelle représentation avez-vous de la solidarité? Quel lien entretenez-vous avec vos congénères? Comment réagissez-vous face à un individu qui a besoin de plus de temps que les autres pour effectuer des tâches? Quelle représentation en avez-vous? Comment réagissez-vous face à la difficulté? Face à l’impuissance?

On en parle? 😀

Aller plus loin :


🔵 Vous avez l’impression que votre vie ne rime à rien. Vous avez un sentiment d’inadéquation logé profondément en vous. Vous avez du mal à matérialiser vos projets, à leur donner une direction fixe. Vous en ressentez beaucoup d’amertume et de honte. OUI? Rencontrons-nous!

🔴 Une envie, un projet, un objectif en tête? Parlons-en!

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