La Terrible

Infatigable marcheur gorgé d’inconsolable

Ce que tu ne cesses d’interroger

Se trouve scellé dans une épître

Cachetée du sceau de l’insaisissable.

Elle voyage par tous les lieux

Les espaces qui se dévoient à toi.

Cette lettre, elle t’ancre, elle t’arrime

Au berceau de ce qui te fait défaut

Au manque. A l’absence.

À l’origine, la Terrible.

Celle qui fait s’actionner le Verbe en toi.

Trouver …

Enfin …

Saisir!

Enfin!

SAVOIR

Puis, tu te rends compte que ce Verbe

Se perd dans sa quête, qu’Il n’est que

Centration sur soi pour se perdre

À nouveau dans une nouvelle quête.

Que cherches-tu de la sorte?

Combien de tes lettres se trouvent-elles

En déshérence sur ces chemins

Que tu parcours du Verbe seulement?

Elles se font manuscrit

Aux moments d’extrême torpeur

Témoignage d’une volonté

Qui n’aura su être entendue

À quoi t’attendais-tu?

Qu’espérais-tu?

Une lettre en exil qui ne cesse de voyager

Perdue au milieu de containers remplis de riens

Toi qui y a mis tout ton coeur

Elle trône – là – dans l’antre du plus grand des anonymats

Pas d’adresse. Pas de nom.

Une enveloppe qui contient tout ce qui t’habite

Te consume ruine tes nuits ravage la cendre

De colères spectrales qui s’échouent sur

Ces lignes sur cette peau parcheminée

Dont l’épaisseur du grain te rappelle celle

Qui lustre ton corps et qui en illustre

Inquiétude préoccupation intranquillité

Des mots jetés sur l’océan de tes profondeurs

Quête réitérée ritualisée sacralisée d’une seule

Et même demande

Pourquoi?

Comment?

Sans saisir que cette même demande t’englue

Dans ces mots qui tournent sur eux-mêmes

Finissant leur course dans l’enfermement

Dans ton propre encarcèlement

Cette lettre – ton coeur – n’a d’autre rivage

Que la tessiture du silence pour en reconnaître la saveur

Ces mots tout ce bruit tout ce tapage tous ces coups

Sans cesse assenés et martelés sur le papier

Tombent dans le puits qui en absorbe l’encre en

En diluant chaque résidu qui se recompose

Sous tes yeux cerclés de noir en une onde

Qui ondule telle une hippocampe

Et qui éclate en faisceaux d’une délicatesse

Qui recompose ta prose pour un dernier tour

Avant qu’elle ne subisse le dernier mouvement

Le geste dernier

En brûler les enclaves

Alors son voyage prend fin

Tes attentes infinies s’absolvent dans ce

Qui en est régurgité

Néant.

Extrait du recueil de poèmes Création de Marina TABEL.

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