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… du Refus de l’avenir …
Bip … bip … bip …
– Comment sont les constantes?
– Stables, Docteur.
– Bien. Je repasse dans deux heures pour vérifier le taux de glucose dans le sang. Faites attention à ce que le liquide de la poche se vide lentement. Il est dans un état tel que tout acte brusque peut entraîner sa mort.
– Je m’en charge, Docteur. Soyez rassuré, je fais le nécessaire.
– Merci Anne. A tout à l’heure.
…
« Charles, comment en êtes-vous arrivé là …? », Anne se demanda-t-elle en elle-même comme pour exorciser la dépouille qui gisait, inerte, devant ses yeux.
Bien qu’habituée à côtoyer la peau du dénuement, de la dégradation physique, ce qui lui faisait face allait bien au-delà de ce spectre. Elle en ressentait un chamboulement intérieur tel que son propre corps, comme aimanté par ce qu’il restait de celui de ce patient décharné, répondait en écho à la paralysie qui magnifiait d’autant les innombrables saillies dont sa terre était parcourue.
Un sol limoneux qui, à force de pluies torrentielles, avait fini par créer des crevasses et des gerçures en tout point de ce corps rendu au bout du bout, provoquant un affaissement des organes qui en permettaient le vivant.
Maintien avait volontiers cédé sa place à des éboulements qui prenaient littéralement corps dans une glèbe qui s’était vécue dans le plus profond des dépouillements, laissant sa peau diaphane.
De larges sillons veinés battaient la mesure d’un pouls qui gisait entre deux-mondes. Pas encore là-bas. Pas ici non plus. Un endroit inaccessible aux vivants. Seuls ceux que la Grande Faucheuse avait terrassé pouvaient saisir la nature de ce paysage qui s’offrait à elle dans une nudité sans phare. Une nudité qui criait l’implacabilité d’une âme à en découdre avec le territoire de sa propre physicalité. Un territoire qu’elle s’était acharnée à annexer pour en ruiner chaque contour, pour en liquider chaque battant.
Le rendre à du rien. À de l’inexistant.
Imprimer la suprématie d’un esprit empli d’un idéal qui faisait échouer toute tentative d’exalter la chair, la semence, la verdure.
Immoler L’après.
La pulpe s’était décimée en étroites cannelures desquelles s’écoulait une sève couleur mauve-grenat. Anne regardait ces nervures dont le rouge jadis incarnat s’était dilué dans les tempêtes successives qui leur avaient donné naissance faute de pouvoir naître au monde, à et dans la chair. Le teint de la robe qui les habillait pour l’occasion s’était délayé en un rose fané crayonneux.
…
Silence.
…
Bip … bip …bip …
Ses doigts se rapprochent de ces restes ; ils éprouvent la froidure du contact sépulcral de parois qui, sur ce lit de la deuxième chance, s’offrent aux mains du potier-façonneur afin d’en revivifier la forme, l’origine.
Dans ce lieu du décharnement, un travail de pétrissage invisible, inaudible prend délicatement corps dans l’étreinte d’un des plus grands mystères de ce monde : la Grâce.
Charles en ressortira reconstitué. L’abîme aura cédé sa faction à une aurore dont il lui reste tout à découvrir et à explorer.
Les infusions de lumières, en lui, ne lui auront pas permis une fenaison. Leur voilure aura consacré les épousailles d’un soleil et d’une lune ramenés à un degré d’exaltation qui ne cherche plus la voie Icarienne pour se dire.
Son corps est désormais habité.
Extrait du recueil Existence, de Marina TABEL.
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