Se laisser agir par le jaillissement de la Vie

La Vie. 

Comment pourrions-nous le plus directement et simplement du monde en définir la portée, le sens, le terme, le mouvement? Pouvons-nous, d’ailleurs, en circonscrire la nature au moyen de concepts, idées, mots sans courir le risque d’en figer le mouvement, d’en dénaturer l’esprit et, au final, d’en faire un objet de représentations diverses sur le trône desquelles reposeraient nos convictions, certitudes, attentes sur le sujet? La Vie se restreindrait alors en une sorte de flux qui se distillerait sous l’alambic de nos attentes et exigences intérieures, de nos fractures personnelles et individuelles, d’amarres dénommées « Dogmes » sans vraiment chercher à s’enquérir du maillage qu’elle revêt, tisse et détisse en fonction de ce qui surgit à l’instant. 

La Vie prendrait alors la forme, dans le faisceau de nos représentations intérieures, d’un objet que nous ne cessons de chercher à nous approprier, à posséder, à maîtriser voire à dominer. Or, la Vie – dans chacun de ses mouvements – va à l’encontre de l’attache. Elle n’en soutient et n’en préserve aucunement la racine. Aussi, lorsque nous pensons en maîtriser la nature, un coup du sort vient trancher vif dans le coeur de cette illusion afin de ramener notre oeil vers une conscience plus élargie. C’est ainsi qu’à grand-peine, nous consentons à lâcher une fixation sur un détail afin de pouvoir dézoomer et observer la vue d’ensemble. La Vie, de par ce mouvement, nous force à nous dessaisir d’un lien qui empêche sa force de pénétrer notre esprit et ainsi, de pouvoir faire alliance avec ce qui est et surgit dans nos vies et dans le monde et d’y répondre avec justesse et plus en cherchant à (se) faire justice.

Faire alliance. 

Comment y parvenir? Le plus simplement du monde : en cultivant une relation directe avec le coeur de notre Être via lequel notre propre nature et la Nature – la Vie – s’expriment. Cette posture exige de nous affranchir de tout désir lié à ce dont la Vie devrait ou pas nous abreuver sinon la relation se fait objectivante. Nous en vivons alors les ressorts mus par nos propres conditions : « Vie, j’attends de Toi x, y et z. Point. Pas de négociations possibles ». C’est ainsi que certains peuvent se sentir déconnectés du monde et/ou meurtris par la sensation de vivre turpitude sur turpitude sans saisir que la déconnexion première qui s’est opérée est celle d’avec le centre de leur Être. Ils s’attendent à ce que la Vie leur offre sur un plateau ce qu’ils en attendent et en revendiquent comme si cette dernière était un distributeur automatique de services ; le Grand Exauceur de tous nos désirs, fantasmes et envies avec, en prime, un reçu attestant de la chose. 

Comment ne pas ressentir l’âpre brûlure de Déception lorsque le fameux ticket nous est renvoyé avec une facturation qui n’a rien à voir avec ce que l’on a exigé …? Et pour cause … La Vie reste ce qu’elle est : un courant d’énergies, de forces qui – lorsqu’elles entrent en contact les unes avec les autres – créent une kyrielle d’interactions qui se répondent les unes les autres jusqu’à l’infini. Autant dire que dans ce contexte, nous ne sommes pas tout seuls dans la file d’attente, armés de notre liste de désirs et d’exigences de tout bord. 

Comment, dans cet entrelacs, se laisser agir par le jaillissement de la Vie?

En acceptant ce qui est. Car, au fond, il s’agit plus de la manière dont je me relie au centre de mon Être, dont j’entre en contact avec lui et ce qu’il représente dans mon esprit qui est ici en jeu, à savoir, la relation, le lien, le rapport.

Aussi, accepter ce qui est comme l’émanation du jaillissement du vivant en nous, même si, de prime abord, les situations en découlant pourraient paraître âpres, absurdes, injustes, peut être le témoignage, le reflet et la forme de l’amour de l’Être (je vous laisse y apposer le nom qui résonne en chacun de vous) envers notre personne. Se pose alors la question relative à la réceptivité, autrement dit, à celle du Sens. 

Comment je reçois ce qui est, ce qui se donne à moi? Dans quelle posture je l’accueille? Qu’y vois-je, au juste? 

Cet itinéraire pourrait paraître fortement intellectuel, pourtant, il ne l’est pas car dès lors que l’accent est mis sur le “recevoir” et la nature de ce qui se montre à nous, une perception plus aigüe s’opère d’elle-même. Délestée de la conscience objectivante, elle se fait ressenti pour se muer en une forme de communion. L’amour qui se montre se fait alors libération de l’entrave d’un lien d’attachement pour se faire relation pure.

Et pour vous, qu’en est-il? Dans quelle mesure vous laissez-vous agir par le vivant en vous? Face à quelle force avez-vous tendance à réagir : la pulsion de mort ou la pulsion de vie? Parfois, certains parcours sont émaillés de tellement de tragédies que c’est la pulsion de mort qui est saisie afin de mettre la vie et ce qu’elle comporte à distance. L’individu qui en vit les affres vit et se vit dans une forme de rupture continue. Il gît dans l’espace de la Rupture tout en étant identifié et attaché à la nature des souffrances vécues et répétées jusqu’à ne plus s’entrevoir et se définir qu’à travers la notion même de souffrance, laquelle devient son foyer. Qu’en est-il vous concernant?

On en parle? 😀

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