La puissance du quotidien

 “J’ai vu Sisyphe heureux”.

Cette semaine, place au mythe, à la poésie, au regard que chacun porte et est amené – à travers les expériences de vie qui émaillent sa trajectoire de vie – à porter sur le quotidien – son quotidien -, la répétition à l’oeuvre, les déroutes, la séparation, le deuil. Bref, la vie.

Ces coups du sort et ces vies en apparence arides que certains appréhendent comme étant le dessein et le reflet d’une certaine forme de fatalité à l’oeuvre, et qui se croient, de fait, l’objet d’une certaine forme d’injustice.

S’agit-il véritablement d’une injustice qui déploierait ses gammes jusqu’à ce que mort s’ensuive?

Cette vue de l’esprit consistant à réduire à ce terme l’âpreté de la vie ne reflète-t-elle pas une forme de non-acceptation de ce que la vie est : joie et douleur ; enfantement et mort ; dureté et aménité?

Dans des sociétés fortement centrées vers la quête de l’extra et de l’hyper – quelle place est laissée à l’essence de ce que la Vie est? À sa nature?

Comment composer face à une vie emplie d’adversité, d’épreuves et de dureté?

Tout est une question de regard. Un terme peut tout recouvrir, contenir, envelopper tout comme il peut rejeter d’un geste violent de la main tout ce qui en constitue l’essence. Car ce qui prend concrétion dans les mots auxquels nous recourons pour caractériser, définir, qualifier notre quotidien se teinte immédiatement de la charge affective avec laquelle nous en enrobons chacune de ses tonalités.

La vie, parce qu’elle se déploie sous des latitudes quelque peu austères, est-elle automatiquement le signe d’une fatalité à l’oeuvre qui empêcherait l’être de se développer, et de jouir de son existence? N’est-ce pas l’occasion d’ouvrir les yeux sur cette réalité et de requestionner ce qui est? Sans emphase. Sans y apposer de manière frénétique des préfixes qui posent sur l’autel de nos vies les idoles prénommées Excès, Pression, Empressement, Urgence en faisant de la vie une course vers Dames Vanité et Avidité empêchant d’acquérir une certaine maturité de l’esprit?

Ce qui est simple, répétitif, ordinaire est-il automatiquement sans relief, ennuyeux, insipide, mortel?

Et si, au contraire, cette simplicité rendue à ce qu’elle est et constitue contenait, en germes, l’essence même de la vie, quel regard porteriez-vous sur la vôtre?

On en parle?

Pour l’heure, je laisse les mots de Katerina Apostolopoulou vous en dire davantage :

Reprendre tous les matins le même chemin

Savoir que toute la vie sera ainsi

Et en sourire

Moi J’ai vu Sisyphe heureux.

Aller plus loin :

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