L’imprévisibilité

Laisser advenir ce qui a à advenir.

“Facile à dire, plus difficile à observer dans sa vie de tous les jours”, pourriez-vous m’objecter.

Certes. Dans une société puissamment ancrée dans une volonté de contrôle absolu, quel espace, quel territoire, quel lieu sont laissés à l’imprévisible? A peine les contours d’une situation surgissent-ils qu’il nous faut pouvoir en appréhender immédiatement et la tournure et l’issue. Les fameux “Je veux que ça se passe comme ceci, comme cela” sans tenir aucunement compte de l’intégralité de l’image qui se déploie sous nos yeux. Cette volonté de pouvoir s’engrange dans quelques menus détails qui officient comme si la carte qui se déployait sous nos yeux était à l’échelle 0.

Que finissons-nous par récolter de pareille posture? Une perception biaisée du réel qui s’affiche sous un angle de vue relativement restreint et fortement teinté par la sélection opérée sur ladite carte.

Ce qui surgit en l’état n’est donc pas accueilli comme tel ni, par extension, vécu mais rejeté au profit des scénarios d’anticipation qui submergent et remplissent notre esprit en fonction de ce que l’on attend de la vie, des autres, de l’environnement dans lequel on gravite, des situations.

Au fond, c’est comme si notre vie se résumait et s’adossait à toute une série de calculs mentaux censés nous faire aboutir à une issue bien déterminée.

Pourtant, en acceptant justement d’embrasser ce qui surgit en l’état, c’est tout un éventail de possibilités et d’opportunités qu’il nous serait donné de pouvoir entrevoir et donc, de pouvoir moduler des attitudes peu opérantes, trop étouffantes ou, au contraire, trop labiles et surtout, de pouvoir saisir ce qui est attendu de nous dans chacune des situations qui s’offrent à nous.

Car c’est bien à travers une posture d’ouverture que chacun peut goûter aux multiples saveurs que la vie contient et renferme en son sein plutôt que d’assécher un terrain en le laissant cramer sous des latitudes qui en ternissent et en écaillent le teint et qui finissent par le plonger dans la fadeur et la craquelure.

Notre avenir est infini, à condition de n’opposer au temps aucune résistance. Aussi, convient-il de ne pas gâcher l’imprévisible par des anticipations inopportunes sous peine de se retrouver cloîtré – à terme – dans la fermeture.

Et pour vous, qu’en est-il? Comment réagissez-vous face à l’imprévisible? A quoi/qui la volonté de contrôle que vous exercez fermement sur vos situations de vie répond-elle? Qu’en résulte-t-il?

On en parle? 😀

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