Sensibilité, la modalité de l’être

Crédit photo : Cristina Finotto, Il grande fiume Po, il mondo di eLIOT.

La sensibilité est la modalité, le centre de notre être. Notre être intérieur. C’est par et via cette dernière que les contours de notre chemin s’esquissent, que nous trouvons les ressources adéquates en temps opportun, que nous faisons les rencontres qui nous échoient.

Notre sensibilité.

Aussi, en reconnaître la nature est le geste le plus fécond que nous puissions nous adresser à nous-même mais également à l’autre. C’est la modalité, la porte via laquelle nous pouvons, chacun à notre niveau et en fonction de notre appétence, connaître le coeur de l’autre, autrement dit, de pouvoir avoir le privilège, un temps donné, d’accéder à son centre, à la sphère de son être sans que l’accès n’en soit barré par des cuirasses en tous genres.

La sensibilité.

C’est elle qui se fait gouvernail dans ces moments où la saveur de Transition se laisse goûter, nous amenant – doucement mais sûrement – sur des rives plus en phase avec ce qui nous constitue ; avec des parts de rêves qui peuvent, enfin, prendre corps dans le réel, participant ainsi à dérouler la partition de notre mélodie intérieure. Et en termes de mélodie intérieure, aucune n’est pareille à une autre. Elle se fait la garante, le porte-étendard de nos accents intérieurs en en retranscrivant la tonalité et la portée dans le monde extérieur, sous une forme bien définie. Aussi, nous sommes invités à ne pas nous hâter lorsque nous croisons le dessin que cette forme retranscrit sous nos yeux. Sa géométrie. Car, pour en arriver à ce schéma, de multiples variables et des milliers de données sont convoquées et à l’oeuvre.

L’aspect qui en découle ne traduit pas la profondeur ou la complexité, même dans son dépouillement le plus total. Car ici, il s’agit de ne pas confondre Simplicité avec Nullité, tout comme nous sommes invités à ne pas confondre Complexité avec Grandeur, Génialité. L’un n’a rien à voir avec l’autre mais de s’en tenir à la forme et ce qu’elle cherche, en filigrane, à révéler.

Vous y lirez alors toute la sensibilité qui habite l’être qui en est, partiellement, à l’origine.

Partiellement.

Car nous ne sommes pas des entités vivant isolées les unes des autres. Aussi, quoi que nous pensions, fassions, humions, l’air est chargé d’un entrelacs d’interactions qui nous influencent au quotidien et qui viennent, sans que nous ne nous en rendions vraiment compte, colorer notre jugement, charger nos actions de certaines couches qui ne nous appartiennent pas mais qui témoignent et traduisent la nature des différents écosystèmes dans lesquels nous vivons.

Que nous le voulions ou pas, nous sommes un tissage de tout cet appareillage qui fait, entre autres, notre densité, laquelle témoigne de la multiplicité des interconnexions à l’oeuvre. D’un maillage dont nous sommes un point qui se tisse en fonction de l’écheveau qui est utilisé. Ses possibilités. Sa configuration. Aussi, dans ce que nous croyons fièrement comprendre, maîtriser, Sagesse est de mise afin de ne pas enfermer ces Formes dans des catégories fermées sur elles-mêmes et qui peuvent figer un individu dans une perception qui s’arrête à l’image, à la première impression, à ces “Je sais” trop fréquemment assénés pour “dire” une vérité qui ne fait que traduire celle de celui qui en édicte aussi abruptement le docte.

Chaque forme recèle et dépeint une certaine forme de sensibilité. A chacun de se mettre à son diapason pour saisir finement ce qui est en train de se jouer plutôt que de trancher vif dans le nerf et, ainsi, de séparer un “objet” qui était porteur d’une fonction, d’une utilité et qui, de fait, avait sa raison d’être. Aussi, convient-il de ne pas amalgamer la forme avec la nature des sentiments que l’on porte en soi et dont les rouages s’enclenchent au contact de la nature de certaines émotions ressenties sur le moment car c’est ainsi que nous courons le risque d’en éteindre, d’en étouffer la portée et par là-même, de passer à côté de ce qu’elle tentait de nous communiquer. C’est une communication qui ne fait pas usage du langage pour se dire mais qui a la même importance, si ce n’est plus, que les mots eux-mêmes. C’est de cette manière-là, entre autres, que des non-dits peuvent s’exprimer, que certaines réalités invisibles à l’oeil nu se déploient sous nos yeux afin de nous amener à percevoir les rouages d’une interaction. Sa mécanique d’ensemble. Son coeur sensible.

Et pour vous, qu’en est-il? Qu’est-ce que le terme “sensibilité” signifie-t-il, à vos yeux? Comment et sous quel spectre la percevez-vous en et autour de vous? Comment tendez-vous à réagir à son contact? Dans quelle mesure vous pouvez, à certains moments, vous sentir menacé(e) par la sensibilité que l’autre exprime face à certaines situations? Dans ces moments de tension, que se passe-t-il ou ne se passe-t-il pas? Que percevez-vous de l’autre à ce moment-là? Comment est-il catalogué? Dans quel tiroir est-il placé? A quoi cette catégorisation répond-elle, en vous?

On en parle? 😀

La section Commentaires n’attend plus que votre apport, vos idées, ressentis et réflexions sur le sujet, à moins que vous ne préfériez détisser votre propre sensibilité dans le cadre d’une séance afin de pouvoir vous réapproprier les ressorts sur lesquels votre être se fonde. 😉👍

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