S’absenter

C’est celui qui s’absente

qui peut le mieux

parler des présences.

S’absenter, c’est consentir à s’abstraire, un temps, de ces espaces où l’urgence, la pulsion ont élu domicile en participant à en définir chaque encoignure et modalité. Ces espaces dilatés à l’envi où une sorte de boulimie est à l’oeuvre absorbent, placent les individus qui s’y trouvent dans un processus d’assimilation, de dévoration, d’une sorte de fusion. Or, lorsque pareil processus prend corps dans nos vies, l’autre, les environnements dans lesquels on évolue cessent d’exister en tant que tels ; ils sont comme, petit-à-petit, dilués dans une sorte d’indifférencié, de mêmeté où les particularités qui font de ces espaces, des êtres qui en peuplent les territoires sont comme floutées, gommées à la va-vite en en brouillant leurs contours, en en affadissant leur caractère jusqu’à les “voir” dans une sorte d’indéfini, un espace de saturation qui ne se fait présence que pour répondre à des impératifs, des élans instinctuels qui finissent par aveugler ce qui est et à être myope face à ce qui est.

En ce sens, se mouvoir dans un espace où seuls l’agitation, l’empressement, l’hyperactivisme, l’urgence priment empêche de voir donc d’apprécier ce qui est présent. Je ne peux voir ce que je ne regarde pas. Or, quand c’est une sorte d’urgence qui est à l’oeuvre dans nos vies, ce sont les modes Consommation et Accumulation qui tendent à se mettre en place. On ingurgite, on (se) remplit, on comble, on meuble à l’envi. Très rapidement, se produit une sorte d’anesthésie face à ce qui est. L’urgence devient normalité ; son rythme est absorbé dans le fait d’engloutir. Littéralement. Or, plus j’engloutis, plus je sature. Comment puis-je, par la suite, être présent à ce qui est et le percevoir sous le visage qui est le sien? Comment puis-je en apprécier la teneur et être en capacité d’en parler? Comment puis-je parler de ce que je ne vois pas?

En étant constamment happés dans des dynamiques de pression, on finit par se laisser influencer et impacter par la rythmique qui en sous-tend les étagements et par devenir soi-même la Pression, l’Urgence, un objet de consommation pris dans une course dans le faire et l’avoir. Or, la dimension de l’être, si elle n’a pas suffisamment d’espace pour se mouvoir, ne peut acquiescer de ce qui l’environne et de ce qui en peuple les différents territoires. Elle ne peut s’enquérir de toutes ces présences qui permettent d’appréhender et de traverser les différents courants de la vie sous la saveur de la diversité, de la multiplicité, et d’en saisir l’extrême richesse et les différents étagements. Elle ne perçoit alors qu’une strate, qu’une coloration, qu’une tonalité, qu’une texture qu’elle tend à circonscrire dans un paysage figé dans un cadre fixe, permanent, qu’elle prend pour le réel au lieu d’en voir les différentes configurations et dynamiques. Comment, dès lors, peut-elle percevoir le Vivant à l’oeuvre? En ce sens, c’est celui qui s’absente, celui qui consent, à intervalles réguliers, à faire acte de retrait, qui peut le mieux parler des présences. Car le retrait invite à observer, à contempler ce qui est dans un rythme qui se fait lenteur et qui, loin de cette langueur à l’œuvre dans nos sociétés actuelles, se fait ardeur, laquelle permet, un temps, de se faire spectateur et témoin de ce qui est. Sensibilité supplante Indifférence et vient se placer au centre de ce qui est en en devenant le moyeu. C’est à ce moment précis qu’il est donné à chacun la possibilité de percevoir ce qui est réellement et de pouvoir en restituer la teneur, certes, sous le prisme de sa propre subjectivité mais en en ayant une conscience autre. En ce sens, l’absence est féconde et se fait fécondante. Elle n’est ni fuite ni désertion.

Et pour vous, qu’en est-il? Dans quelle dynamique tendez-vous à vous placer pour traverser la vie qui est la vôtre? A quels impératifs de la psyché collective tendez-vous à répondre? Qu’en résulte-t-il? 

On en parle? 😀

Aller plus loin :

🔵 Happé(e) dans une dynamique de vie frénétique, vous vous sentez de plus en plus absorbé(e) par le rythme ambiant et des impératifs sociétaux qui vont à l’encontre de votre épanouissement global. Vous ressentez des difficultés à vous extirper de pareille configuration. Vous ressentez de plus en plus de fatigue à la fois physique et psychique. OUI? Rencontrons-nous!

🔴 Une envie, un projet, un objectif en tête? Parlons-en!